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David Bobée : Gilles / Traversées – L'!NSENSÉ
Bienvenue sur la nouvelle scène de l'!NSENSÉ
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David Bobée : Gilles / Traversées


Il y a un an, en Septembre 2008, à Roubaix, David Bobée menait un stage avec les acteurs de L’Oiseau-Mouche. Ce stage se terminait par une présentation dans le studio de la compagnie nordiste. Un studio comme un grand grenier, tout en bois avec la quinzaine d’acteurs qui traversent l’univers de la compagnie Rictus. Dans cette présentation, les acteurs, avec l’innocence et la fébrilité d’un premier pas nous proposaient un cabaret décousu et déjà plein d’humanité. Un premier pas qui devait conduire quatre acteurs de L’Oiseau-Mouche et la compagnie Rictus à construire « Gilles » au Théâtre du Peuple de Bussang. Un spectacle construit comme un cabaret mélancolique et joyeux autour de la figure d’un homme.
En retraçant l’histoire de cet homme, Gilles, touche à tout, jamais bien nulle part, clown dans l’âme, David Bobée revient sur dix ans de travail. Il emprunte à « Toute la vie » de Pascal Rambert[[Pascal Rambert : metteur en scène et directeur du Théâtre de Gennevilliers, centre dramatique national de création contemporaine. David Bobée a joué comme acteur dans Paradis, After/Before, Pan et Toute la vie mis en scène par Pascal Rambert]] le récit d’un personnage de A à Z, retrouvant par là même la dramaturgie de N13 issue des « Laboratoires d’imaginaire social[[Les Laboratoires d’imaginaire social: Le Centre dramatique de Caen a répondu en 2003 à la proposition de trois compagnies l’Astrakan, CHanTier21THéâTre et Rictus de collaborer pour donner des formes théâtrales à une réflexion d’ordre politique. Le Laboratoire d’imaginaire social était né. En mai 2004, N13 était le cinquième « Labo » depuis février 2003. Le Laboratoire d’imaginaire social de Caen est constitué d’une vingtaine d’artistes emmenés par Médéric Legros, Antonin Ménard et David Bobée respectivement metteur en scène des trois compagnies. ]] », se ressource à ses derniers spectacles « Petit frère », ou « Cannibale », et revient sur le travail choral de Lacascade. Ces liens avec les dix ans écoulés sont d’autant d’amicaux clins d’œil et pourtant la dramaturgie du spectacle résiste à l’accumulation de ces références. Le spectacle affranchi de tout cela donne le récit simple d’un vieil homme en fin de route ou au bout de la forêt.
Durant tout le mois d’août 2009, la Compagnie Rictus présentait « Gilles » au Théâtre du peuple de Bussang. C’est dans un cadre tout en bois, un vaste grenier de près de 900 places que se déroulaient les représentations. En cette fin août, dans les montagnes vosgiennes, le public est venu nombreux et de tous les horizons pour découvrir le spectacle. Un travail populaire et humble où l’enjeu est de raconter l’histoire d’un homme : Gilles. C’est un retour sur son parcours mené par un narrateur ni complaisant ni complice qui tente de comprendre avec ironie et malice les choix qui ont guidé sa vie. Dans ce travail, David Bobée montre sa capacité à s’adapter à un espace et à lui donner une dimension poétique. En effet, ce théâtre est réputé pour son mur de fond de scène qui s’ouvre sur la forêt vosgienne. C’est une contrainte pour les équipes qui jouent dans ce théâtre d’utiliser cette particularité. Ce qui rend la singularité de ce travail, c’est qu’en ouvrant le mur du fond, la Cie Rictus a donné à cette réalité concrète : la forêt, une dimension de décors. Faisant ainsi du réel, une sorte de paysage en carton pâte, donnant une dimension onirique à cet espace. Cette dimension est renforcée par diverses apparitions : un ours en peluche géant, un jeune couple angélique et pour finir l’image extrêmement fine et cinématographique d’un enterrement.
C’est d’ailleurs la dimension cinématographique qui est soignée dans ce spectacle. L’image y est très présente et le travail de lumière de Stéphane Babi Aubert y est remarquable. C’est impressionnant de se rendre compte qu’en n’utilisant pas la vidéo comme support à la scène cela renforce les images scéniques. Elles peuvent s’y exprimer complètement sans être « polluées » par l’image vidéo. C’est le cas d’une des premières images où le narrateur « Éric Fouchet » et Gilles « Gilles Defacques » sont assis sur le capot d’une voiture échouée sur le plateau, éclairés par un réverbère. C’est dans cette simplicité que s’inscrit ces images cinématographiques. Une simplicité qui induit une image et appelle l’imaginaire.
Dans ce cabaret, nous voyons la succession de numéros comme les bribes de la vie de cet homme. Ce sont ces séquences qui nous racontent son histoire simplement et bêtement humaine. On s’attache à Gilles dans les différentes facettes de sa vie mais surtout dans ce quelle a de plus commun, de moins extraordinaire.
David Bobée réussit son pari en racontant l’histoire d’un homme qui a toujours envie de fuir en mettant un point d’honneur à fuir lui-même le destin tragique de son personnage. Ce sont ces tableaux successifs qui permettent de ne jamais s’attarder sur le pathos d’une situation. Avec Gilles, David Bobée raconte l’itinéraire d’une traversée retraçant par là-même son histoire théâtrale.
Texte Cédric Orain, mise en scène David Bobée, avec Gilles Defacque, Tanguy Simonneaux, David Amelot, Pierre Cartonnet, Elza Davidson, Clément Delliaux, Eric Fouchet, Stéphane Hainaut, Caroline Leman / Création lumière Stéphane Babi Aubert, création son Jean-Noël Françoise, régie générale Thomas Turpin, construction et conception du décor Salem Ben Belkacem Ateliers Akelnom