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Mille demain – L'!NSENSÉ
Bienvenue sur la nouvelle scène de l'!NSENSÉ
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Mille demain

Malte Schwind – 20 juillet 2018

Mille aujourd’hui, mis en scène Victor Ginicis,
Cie Avant l’incendie (on verra demain)
avec Pierre-Olivier Bellec, Léa Cuny-Bret, François Rivère
La Scierie, Avignon Off 2018


Mille aujourd’hui est joué par la jeune compagnie Avant L’incendie (on verra demain) à la Scierie dans ce Festival OFF d’Avignon 2018. Un concert-spectacle à partir de textes de Michaux et de Rezvani avec cette belle intention de « convoquer une beauté fulgurante et fugitive au beau milieu du désastre, du chaos, de la catastrophe ». Belle intention qui mérite d’être poursuivie.

Mille aujourd’hui est une sorte de récitation de textes de Michaux et de Rezvani. Une récitation mise en musique. Il nous est proposé un voyage poétique. Si nous ne le faisons pas, nous pouvons au moins croire que Pierre-Olivier Bellec – le comédien qui dit ces textes – le fait. Ses deux partenaires, Léa Cuny-Bret au saxophone et François Rivère à l’ordi (?), le suivent, dans tous les cas, de près.
La mise en musique joue principalement sur des nappes sonores avec beaucoup de reverb. Le saxophone se pose sur ces nappes avec des mélodies mélodieuses. Puis, ces nappes sont trouées. Avec leurs ruptures se brisent les bulles de réalité de Michaux. Et hop, après, c’est reparti et on plane de nouveau vers des joies infinies. Des rires transformés électroniquement qui pourraient être dans un film comme Matrix inquiètent un instant celui qui dit. De nouvelles réalités adviennent. Il voyage.

Et cela aurait pu être un beau voyage si la mise en espace des corps (ne serait-ce que ce micro qui cache pendant toute la représentation la moitié du visage de l’acteur) n’avait pas défait tout « immersion » possible, si la musique avait été un peu moins lisse, soutenant toujours une univocité émotionnelle et surjouait par là les paysages convoqués, si on ne décelait pas parfois dans la manière de prendre le texte une systématique, un truc d’acteur. C’est peut-être un peu ça le problème, quelque chose se surjoue. On comprend la difficulté devant l’intention : « En bref, la recherche de quelque chose de profondément vivant, un morceau de beau à se mettre sous la dent, là tout de suite ; une furieuse envie de vivre. », dit Victor Ginicis, le metteur en scène.
Quelque chose se surjoue donc dans cette intention, mais, peut-être paradoxalement, cela se surjoue par un manque de théâtralité. Les corps sont plantés là, devant leur micros, l’espace est celui d’une scène de musique de rock. Une question : Est-ce qu’il ne manque pas un corps dans un espace, qui s’y déplace, pour incarner, ou faire advenir cette furieuse envie de vivre ? Ce n’est pas la question de les représenter dont Victor Ginicis semble se méfier avec raison. C’est la question de savoir comment l’espace devant nous se tend et participe à l’invitation du voyage. Le jeu du comédien et des musiciens se fait beaucoup par des échanges de regards. Regards publics, regards intenses, un peu trop dans ce dispositif « concert ». Pierre-Olivier Bellec imagine, voit ce qu’il traverse.
Et là encore, il semble que le « paysage intérieur » soit un peu trop masqué par la volonté de le faire advenir. C’est plutôt une démonstration qu’une invitation à une immersion, alors que les jeux esquissés auraient pu permettre de faire advenir un monde. Mais tout monde a besoin d’un espace physique. Ici on ne lui donne malheureusement pas la possibilité de se déplier pleinement. C’est peut-être à venir. Si ce n’est pour aujourd’hui, ce sera Mille demain !