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EGEET… SOS des auteurs. – L'!NSENSÉ
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EGEET… SOS des auteurs.

Etats Généraux des Ecrivaines et Ecrivains de théâtre. La Chartreuse, 11, 12, juillet 2019.

Ces 11, 12, 13 juillet à la Chartreuse-CNES de Villeneuve Lez Avignon se tenaient les Etats Généraux des Ecrivaines et Ecrivains de théâtre (EGEET). Retour sur un événement qui, comme l’induit implicitement la constitution d’ « Etats Généraux », annonce l’idée d’une crise, un point névralgique où est en question « la survie » des auteurs, au plan professionnel, au plan poétique, au plan social puisque sans soutien accru et structurant, il n’y aura bientôt plus qu’à mettre la « plume » sous la porte. Esquisse d’un Manifeste.
Une petite histoire du devenir fantôme des auteurs
À la veille de sa mort le 15 avril 1980, Jean-Paul Sartre déplorait le tournant pris par le théâtre et s’en ouvrait à Bernard Dort dans un entretien qu’il lui donna en 1979. Entretien reproduit dans le numéro 32-33 de la revue Travail Théâtral. Je le cite : « Le théâtre est en train de mourir […] Le théâtre est devenu un théâtre de metteur en scène ; il n’est plus un théâtre d’auteur. » Cette pensée lugubre ou ce constat réaliste, il l’annonçait déjà dans un Théâtre de situation. De 1980 à aujourd’hui, les mutations du théâtre n’ont pas épargné les « auteurs contemporains » et la mue des pratiques théâtrales du poétique vers l’esthétique n’est pas le moindre des séismes.
Du courant de l’Arte Povera, dans les années 60-70 où les plasticiens italiens ont ouvert la voie, à la politique culturelle belge qui favorisa l’émergence de la Vague flamande dans les années 80-90, en passant par le théâtre documenté promu par les universités de Giessen et Hildesheim (90-2000), sans parler des effets de la mondialisation et de la globalisation… le texte, et par voie de conséquence, les auteurs, ont vu leur rôle et leur centralité, « relativisé », voire « marginalisé et fragilisé » dans le processus théâtral. D’une certaine manière, c’est Artaud, pourrait-on dire, qui aura fait la peau de Jean-Paul Sartre, le premier préconisant qu’il fallait que le théâtre trouve sa propre langue qui n’était pas celle, nécessairement, que lui proposait le Texte, résultat de ce qu’il appelait la « dictature de l’écrivain ».
Si l’on ajoute à cela ce que Bruno Tackels un beau jour baptisa du nom « d’écrivain de plateau », si l’on prend en compte, encore « les écritures du réel », si l’on observe que les apprentis comédiens des Écoles d’Art de théâtre préfèrent parfois (et même de plus en plus souvent) écrire et mettre en scène leur propre texte/patchwork… on ne peut que valider un paysage devenu « hostile » ou plus simplement concurrentiel où les auteurs sont sur la ligne de départ de tous les processus théâtraux, sans pour autant être sur la ligne d’arrivée.
Il ne s’agit pas ici d’opposer les auteurs aux metteurs en scène, pas plus qu’il ne s’agit de reprendre l’argument idiot du textocentrisme auquel on substitua le scénocentrisme, mais plutôt de souligner une évolution, un changement de cap des politiques culturelles. Bien entendu, et les responsables de celles-ci ne sont jamais à une contradiction, si d’un côté nombre de dispositifs soutient les « auteurs », on peut néanmoins douter que ce souci se traduise au sein des salles que les directeurs tiennent à peupler de la « jeunesse », laquelle a d’autres pratiques que celle qui la conduirait vers les textes.
Au-delà de ces différents points rapportés trop brièvement et pas assez développés, on s’étonnera toutefois que la condition des auteurs de théâtre ne soit pas davantage prise au sérieux. Et, par exemple, que la promotion de la francophonie et de la langue française, le souci d’exportation et de partage de la culture des Lumières, et peut-être tout simplement la conscience que ce qui s’écrit aujourd’hui est le patrimoine de demain… n’aient pas donné l’idée à un Ministre de la culture de donner une visibilité à ceux qui travaillent la langue en promouvant la construction d’une Maison des auteurs de théâtre ou d’une Cité des auteurs. Oui, un lieu donc, comme il y a une cité de la musique, une cité de l’architecture, une cité du design, etc.
Un temps, il y eut l’AET, l’Académie expérimental des théâtres qui joua un peu ce rôle. L’affaire dura 10 ans, et puis plus rien. Et l’on peut s’en étonner dans un pays où le souci du patrimoine, le souci de la langue, le souci du théâtre populaire, mais aussi de l’innovation et de la recherche… est récurrent au discours des politiques. On peut s’étonner qu’un pays qui prétend à la diversité, ainsi qu’à son métissage, ne porte pas davantage d’intérêt à la médiatisation des auteurs qui la portent.
Sauf à chercher dans les travaux universitaires : Sylvie Chalaye (rejointe aujourd’hui par Pénélope Dechaufour) qui depuis plus de 20 ans étudie les écritures postcoloniales au théâtre ; Sandrine Le Pors qui scrute le territoire des écritures contemporaines… Sauf à identifier le travail de défricheur de Frédéric Voissier au TNS, et parfois quelques lieux qui mettent en avant dans leur programmation les écritures contemporaines (le festival « écrire et mettre en scène » du Panta théâtre à Caen), le lieu de résidence et de médiation qu’est La Marelle à Marseille qui accompagne les auteurs, les met au contact des publics, et tend à promouvoir les écritures du monde… (Et je prie les non-nommés de me pardonner et les lieux phares d’oublier que pour une fois ils ne sont pas mentionnés).
 
Programme des EGEET
Les Etats Généraux des Ecrivaines et Ecrivains de Théâtre (EGEET) se donnèrent ainsi pour mission de dresser un état des lieux des pratiques en matière d’écriture théâtrale contemporaine et de faire émerger des préconisations concrètes à l’adresse de tous.
Nés de la mobilisation d’autrices et d’auteurs dramatiques, les EGEET se sont donc répartis en neuf commissions thématiques qui se sont réunies régulièrement pendant près d’un an, collectant des données, rencontrant des partenaires et organisant des rencontres publiques en région (Théâtre de la Tête Noire, Théâtre du Nord, Festival Regards Croisés…).
Après un lancement au Théâtre National de la Colline en janvier 2019 où il s’agissait de présenter le mouvement, un autre temps fort fut prévu les 11, 12 et 13 juillet à la Chartreuse de Villeneuve-lez- Avignon.
Durant ces 3 journées, les 9 commissions des Etats Généraux des Ecrivaines et Ecrivains de Théâtre ont restitué leurs travaux sous la forme d’échanges, de débats et de rencontres en présence d’experts, de partenaires, d’auteurs et d’autrices.
Chaque commission fut constituée d’une dizaine d’écrivaine.es dramaturges. Elles travaillaient toutes selon la même méthodologie : état des lieux ; échanges d’expériences ; réflexions ; propositions d’amélioration. Elles organisèrent chacune une réunion plénière dans un lieu emblématique, en Île de France ou en région, à laquelle les autres acteurs du champ de la littérature dramatique furent conviés pour participer à l’élaboration des propositions.
1 – L’écriture dramatique en question. Une double inscription, littéraire et théâtrale
Mettre en avant cette double dimension d’écriture et réfléchir à la place de l’écrivain.e dans la chaîne de production théâtrale, dans le processus de création scénique, ainsi qu’à son inscription dans le champ littéraire, en organisant le dialogue avec les universitaires, critiques, éditeurs, structures dédiées au livre en général.
2 – A-t-on besoin des autrices ?
A-t-on besoin d’équité ? Deux objectifs sont poursuivis en parallèle. 1) réfléchir à l’origine, mais aussi, aux points de blocage qui maintiennent le déséquilibre H/F dans le champ de l’écriture théâtrale ; 2) élaborer des actions concrètes dans l’intention de faire advenir la parité autrices/auteurs.
3 – Formation et éducation
Formation initiale et continue des autrices.eurs ; éducation à la littérature dramatique : comment encourager l’apparition de formes nouvelles et accompagner leur réception par le plus grand nombre.
4 – Aide à l’écriture et résidence
Nécessité des aides. Comment les multiplier ? A quoi sert une résidence ? Comment peut- on continuer à partager, à offrir, à améliorer ces espaces de liberté ? Qui soutient ? Qui accompagne ? Dans quelles conditions ? Nous chercherons à dégager les éléments, peut- être contradictoires, qui font qu’une résidence devient une réussite pour chacun – écrivains.e.s, structures, financeurs et publics.
5 – Rédaction d’une charte, statuts, droits sociaux
Analyser les conditions de rémunérations des activités des auteurs en vue de la rédaction d’une charte qui prenne totalement en compte les activités spécifiques des auteurs dramatiques.
6 – Production, incitations, place des écrivain.e.s dans le paysage théâtral
Etudier comment relancer et amplifier la production de textes d’écrivain.e.s vivant.e.s de langue française dans les théâtres, réfléchir à des aides incitatives et se pencher sur la question de la présence effective des écrivain.e.s dans les lieux.
7 – Création littéraire / Actions culturelles : interactions.
Créer une charte qui veillera à définir des limites claires entre le champ de l’action culturelle et celui de la création artistique, mieux encadrer les heures d’atelier lors de résidence d’écriture, encourager les commandes d’œuvres originales pour les ateliers de pratiques amateurs dans le primaire et le secondaire.
8 – La nécessité des récits alternatifs
Faire entendre et donner à voir des récits « inclusifs » permettant à tou.te.s de se projeter dans les narrations. Décentrer l’idée d’universalisme qui ne recoupe généralement que des réalités occidentales. S’affranchir des stéréotypes et préjugés inconscients. Interroger la place de la francophonie et des auteurs francophones.
9 – International
Apprendre des différents mouvements de structuration d’écrivain.e.s à l’étranger et des moyens et systèmes mis en place pour faire rayonner leurs écrits, aider nos œuvres à circuler à l’étranger par un réseau plus approfondi et actif, en facilitant des traductions de qualité de nos textes dans une ou plusieurs langues.
11/12/13 Juillet synthèse et préconisations
les photos qui développent les préconisations au terme de ces trois jours. Ou quelque chose qui esquisse un Manifeste…