
Très bien
Katie Mitchell met en scène Les Bonnes de Genet du 16 au 21 juillet. Trois points.

Les Bonnes de Genet se jouent dans un décors naturaliste. 100 % naturaliste. Un appartement d’une riche dame, ou, ici, travelo ce qui se veut peut-être une sorte de critique du paternalisme, là où les monsieur et madames, les maîtres, ceux qui exploitent et battent les autres êtres humains, ceux qui ont le pouvoir d’aliéner les autres, sont toujours des mecs. En tout cas, c’est ce que Katie Mitchell espérerait peut-être. Elle dit : « la féministe en moi se refusait à raconter l’histoire d’une femme opprimant d’autres femmes ! » Très bien.

Elle raconte cette histoire donc dans un décors naturaliste, 100 % naturaliste, et un quatrième mur, 100 % quatrième mur. Même une sorte de monologue, un aparté, une adresse peut-être, à l’origine, au public, est dit au téléphone portable. Très bien.

Ce naturalisme est cassé à trois endroits par un ralenti au milieu du mouvement, comme l’option dans le jeu vidéo Grand Theft Auto V quand il faut mieux viser pour tuer ou contrôler une bagnole dans la fuite. Non pas télévisuel, mais une sorte d’esthétique de ces jeux vidéo qui suspend la cour des choses, et leur course, pour y revenir aussitôt. Une sorte d’effet visuel dont on a du mal à saisir son sens. Cette esthétique graphique, informatique, se retrouve d’ailleurs d’une certaine manière dans la musique qui par moment fait penser au musiques électroniques composées pour accompagner des crack ou des serial editor. Enfin, cela n’a rien à voir avec Les bonnes. Mais très bien.

Troisième point à nommer : Les bonnes parlent entre eux en néerlandais et en polonais pour faire référence aux ouvrières bon marché, exploitées, qui viennent massivement d’Europe de l’Est en Europe central. Qui font souvent le ménage ou s’occupe des personnes âgés, sans sécurité sociale et tralala et la misère qui vient avec et l’injustice et trilili et trololo. Tralala. Tatati tata. Enfin. Très bien.
(Et le tout reste si propre, si lisse, si compréhensible, si lisible, si bien raconté, qu’on se demande si on n’avait pas mieux fait d’aller à la piscine à côté de L’autre scène de Védène, faire rimes chouettes comme celle-ci et se baigner et que la vie nous échappe et la torpeur nous fasse rêver d’autre chose.)