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En chacun un loup : Le petit chaperon louche – L'!NSENSÉ
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En chacun un loup : Le petit chaperon louche

Par Samer Sarkis – 22 juillet 2018.

Le petit chaperon louche (ou le mystère des Oiseaux-Loups)
,
texte et mise en scène Sarkis Tcheumlekdjian,
théâtre de la lune, Avignon Off 2018
Cette critique a été écrite par un étudiant libanais – dans le cadre d’un partenariat amical avec les L’Institut des Beaux-Arts de Beyrouth et le Théâtre Sham’s

Une version adaptée du conte original qui nous invite à nous interroger pour revoir notre rapport à l’autre. Le loup n’y est pas le symbole du mal qui représente les hommes et dont il faut se méfier : au contraire.



Dès notre entrée au théâtre, le loup est assis sur la scène. La scénographie renvoie aux images du livre par les couleurs, les costumes et les masques. On dirait que les personnages sortent tout droit du livre. Le personnage qui s’introduit au début n’est pas loin de celui du conte traditionnel : malin, gangster, frôlant la vulgarité. L’entrée de Chaperon provoque une conversation singulière. La fille n’a pas peur de lui. Négligeant les conseils de sa mère à propos des étrangers, elle s’adresse à lui, et va même jusqu’à mentir à sa grand-mère au sujet de son trajet à travers la forêt. Notons que le Chaperon utilise son portable pour parler à sa mamie, ce qui ajoute un effet humoristique et d’actualité à la pièce.
La conversation entre la fillette et le loup nous laisse comprendre le passé douloureux de ce dernier. Un père emprisonné pour le vol d’un œuf, une mère dont on ne connait pas le sort… bref une vie d’un clochard. On apprend aussi qu’il a choisi de quitter la ville des loups, refusant une société qu’il condamne, pleine de méchanceté. Il est simplement en quête de bonheur et de paix intérieure. Le loup, contrairement au conte classique, dit la vérité à la fillette : le chemin long est sûr mais le plus court est dangereux. Ainsi, le loup arrive avant elle, alors qu’ils se sont mis d’accord pour se retrouver devant la porte de la grand-mère ; il brise sa promesse et entre.
Un moment d’humour se crée entre le loup et la grand-mère : elle, toute blanche et rigide, armée de son fusil, portant un grand sac plein de collection d’œufs, reconnaitra rapidement le fils du loup qui lui a volé l’œuf, et on insiste sur le nombre d’œufs volés : un seul. Le loup se moque de la grand-mère en lui disant que l’œuf est à sa disposition. Un geste très particulier et adapté est remarquable : la grand-mère étourdie prête au loup son fusil afin d’avoir les mains libres à plusieurs reprises. Notre anti-héros ne saisit aucune de ces chances pour lui faire du mal. Elle propose un chantage qui effraie le loup le poussant à casser l’œuf.
Suite à ce choc, la grand-mère tombe dans les pommes ; le loup inquiet, se déguise en grand-mère mais il est reconnu par le chaperon rouge. Essayant d’expliquer ce qui s’est passé, le chaperon rouge accuse le loup de traitrise, il lui rappelle son mensonge, démontrant que même un acte inacceptable peut servir dans certain cas. Cependant, déçu, il part et croise le chasseur. Ce dernier voulait l’exiler au lieu de le tuer.
On découvre dans cette scène que même le chasseur était un loup que personne n’aimait. Il devient chasseur pour attirer l’amour envers lui. En dévoilant ce secret, le loup demanda son dernier souhait de pouvoir dire adieu à chaperon. Ils se réconcilièrent et elle lui garda son doudou et lui présentât son yoyo (unique objet laissé par sa mère) comme un geste de confiance et d’amitié. Tout au long de la pièce de théâtre le loup transporte une valise, la valise des oiseaux loups. Les chants de ces derniers se rencontrent avec les loups pour créer des mélodies de joies quand les gens avaient peurs. Des êtres non nuisibles, des âmes désireuses de paix et de bonheur.
Finalement après avoir assisté à tous ces évènements, la mise en scène était créative et pensée. La présence des acteurs était remarquable et balancée sur le plateau de la scène. Le caractère du loup est joué par une fille, un détail non remarqué par le public avant le moment de la révérence. Nous voudrons aussi ajouter, que cette adaptation bouleversante nous apprend que l’homme par nature est bon. Mais comme ce loup, les conditions difficiles, les dynamiques sociales stressantes et l’absence de sentiment d’appartenance et de sécurité peuvent nous pousser à prendre des choix qui portent atteinte aux autres. Un fait qui détruit notre humanité. Parce que en chacun de nous un exilé, un loup qui cherche à être aimé.