Et moi aussi… je me tourne vers le divin
Mawlana, mis en scène par Nawar Bulbul, d’après un texte de Fares Zahabi
Théâtre de la Bourse du Travail CGT.
Ce mercredi 10 juillet, nous étions conseillé d’assister à une pièce exceptionnelle dans le théâtre de Bourse du travail CGT à 19h. Mawlana, monodrame joué et mis en scène par Nawar Bulbul et adapté d’un texte de Fares Zahabi, nous a laissé émus pendant une heure et quart. Le spectacle commence avec Abed (personnage principal joué par Bulbul) qui narre les évènements de sa vie à Damas, rejouant chaque influence de sa vie dans son propre être.
Ce périple intense présente la tyrannie dans tous ses formes : religieuse, politique, sociale et familiale. D’une manière féroce mais empathique. L’amour est présent aussi, malgré l’oppression qui l’inhibe, un amour artistique, mélodique, sublime, qui dépasse les obstacles physique et touche à dieu. Abed représente chaque individus qui refuse de s’identifier à une collectivité et s’effacer par un « Non » aveugle au nom du clairvoyance.
Cette densité émotionnelle prend forme dans le genre hakawati (conteur), style théâtral arabe, basé sur la narration et la réincarnation des personnages et des situations ; ce style utilise la distanciation brechtien et détruit le quatrième mur pour encourager l’engagement intellectuel de l’audience et l’alerter du danger d’une dictature à laquelle on s’habituerait.
Le mono-comédien n’est pas la seule chose commune entre les personnages : nous remarquons une hiérarchie sadomasochiste dans l’environnement présenté. On se nourrit de l’oppression pour qu’on ne nourrisse pas l’oppression. Cette relations réalise dans une scène dans laquelle Nawar choisit de nous exposer l’agressivité domestique exercée par son père sur lui. Un père qui refuse cette brebis perdue, différemment indifférent de l’apathie sociale imposée.
Cette brebis fait partie d’un énorme troupeau.
Abed est signifie esclave en langue arabe. Cet esclave de culpabilité héritée ne désire qu’une simple relation, avec une infinité d’amour et de beauté, dans les effluves d’un parfum qu’il sent dans la musique, dans la plume de ses amis, entre les ruptures de son corps, parmi les images brouillés d’un rêve d’une relation inaccessible, avec sa majesté… Mawlana.