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Gruwez : Une danse de communication – L'!NSENSÉ
Bienvenue sur la nouvelle scène de l'!NSENSÉ
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Gruwez : Une danse de communication

We’re pretty fuckin’ far from okay, – ne pas traduire par On baise pas mal loin d’ok, mais plutôt On est putain de loin d’okay –, a été présenté du 18 au 24 juillet au Gymnase Paul Giéra. Lisbeth Gruwez nous propose une performance d’un énorme effort physique et d’une précision corporelle étonnante. Les deux fétiches ne sont malheureusement pas au service d’une déformation du corps, mais d’une communication névrotique.

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Cela commence lentement, au ralenti. Une femme, Lisbeth Gruwez, et un homme, Nicolas Vladyslas, sur une chaise chacun. Ils commencent à bouger lentement et accélèrent. Crescendo. Pareil pour le son : des respirations. Ça monte et ça accélère. La même chose une heure plus tard, mais debout avec un mur au fond. Entre les deux : Un couple. Les deux qui se sont rencontrés. Rédemption pour un moment, puis un combat entre volonté de s’arracher l’un à l’autre et combat sexuel.
La recherche du salut revient à plusieurs reprises. Une musique qui surplombe l’agitation générale comme l’arrivée d’une transcendance. Ça finit sur la même chose. Comme une paix après la mort.
Lisbeth Gruwez a alors travaillé à partir des gestes quotidiens de peur, inspirés des films de Hitchcock. Elle tient à la possibilité de reconnaissance, à la valeur communicative d’une danse, à l’abstrait et à l’universel (cf. programme). On ne peut alors pas s’empêcher de penser que là où la danse pouvait nous ouvrir des lignes de fuite pour le théâtre, Gruwez fait de la danse ce dont on voudrait se passer au théâtre : communication, illustration, signification, identification, catharsis.
Ainsi, les corps de We’re pretty fuckin’ far from okay demeurent des corps névrotiques. Alors qu’encore dans It’s going to get worse and worse and worse, my friend quelque chose excédait la communication, ici, sont-ils, au mieux, dans l’imitation de la peur. Le tout reste illustratif. On veut signifier quelque chose.
L’organisme, c’est-à-dire l’organisation des organes, demeure tel que nous le connaissons afin de pouvoir le reconnaître. La bouche reste à la place de la bouche, l’anus à la place de l’anus. « Je souhaite rendre le public conscient de sa respiration. » Une thérapeutique en gros. On aurait peut-être préféré une sexualité far from ok, et non un état d’âme névrotique, pour voir des anus solaires ou autres déformations.
Le spectaculaire de Gruwez, sa virtuosité – dont elle parle elle-même et qui a donc une valeur pour elle, et pour le public enthousiasmé – se base essentiellement sur une technique et une précision corporelle à outrance et un effort physique énorme. Pour être un peu simpliste, je dirais : deux fétiches de la subjectivité post-fordiste. Sport extrême, rapport au monde.
Demeure un souvenir d’il y a quatre ans, un spectacle de l’autre côté de l’échelle, à l’opposé : une expérience. C’était The Old King de Miguel Moreira et Romeu Runa (lire les critiques sur l’Insensé par Marielle Pellisero, ou par Yannick Butel…)
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