Mise en scène de cours élémentaire
Avec les Particules élémentaires de Julien Gosselin, on aura perdu un peu de temps à suivre un spectacle dont on se dit qu’il aurait été peut-être tout aussi juste de faire simplement une lecture. L’ennui élémentaire aura gagné. Ni courroux, ni emportement… réaction presque prévisible, un peu sur le mode « amorphe » qu’affiche Houllebecq quand on se met en tête de lui parler.
Une sorte de green, vaguement anglais, encadré par un gradinage au fêt duquel la régie et les acteurs sont installés sert d’aire de jeu aux Particules élémentaires. C’est, dans le jargon du théâtre, ce qu’il est possible d’appeler un dispositif. C’est-à-dire, un espace de jeu où la scénographie ici tend à rompre avec l’illusion qu’induit bien souvent le geste théâtral. Et c’est dans cet espace, donc, que Les Particules élémentaires se joueront ou, précisément, se diront. Car, du roman de Houellebecq, le metteur en scène Julien Gosselin fait de ses comédiens les porte-voix de ce texte publié en 1998. Echo narratif, en fait, où le jeu de l’acteur, s’offre au public, sous sa forme minimale et où le timbre, le rythme, les écarts vocaux… sont en définitive, presque, le seul territoire du jeu.
Une sorte de green ou de pelouse, ou un coin d’herbe, sert ainsi à rendre Les Particules sous le mode de saynètes qui structurent ce que l’on nommerait traditionnellement la mise en scène ( ?), mais qu’il faut bien appeler ici, et juste, une mise en voix. Le projet pourrait ainsi se résumer à une succession de tableaux où le lien entre chaque tient d’abord à la présence récurrente de Bruno : le bof de service, le déviant, l’obsédé. Figure ridicule et pathétique, absent à sa vie tragique, exact contraire de son ami d’enfance et désormais savant Djezinscki qui apparaît ou réapparait sur grand écran vidéo.
Théâtre parlé donc, ou disons lu, animé par un groupe de comédiens qui n’est pas sans énergie, mais qui est cantonné à feindre un intérêt pour le récit qu’ils font des Particules. Des années 1960 à aujourd’hui et plus tard, c’est ainsi sur le mode principalement parodique que se donne ce spectacle qui se fonde lui sur « se donner en spectacle ». Rien moins qu’une parodie qui revient ou se tient, dans l’ombre des obsessions de Houllebecq, à mimer, railler, les comportements de nos semblables qui ont cru en la liberté et autres utopies d’un monde privé d’engrenages et ferait fi de son âge. Le vieux monde se trouverait une nouvelles jeunesse dans les révolutions politiques, idéologiques et sociales. Mouai…
C’est peu, en définitive, et c’est relativement inexistant à la scène. Un temps, aux premiers moments, on aurait pensé que la figure de Houellebecq convoquée et mise sur grand écran pourrait être le lieu principal de l’égarement de ce théâtre. Oui, On a cru que Houllebecq serait le motif principal et l’endroit de toutes les attentions. Mais la révérence dans laquel julien Gosselin tient « cet animal littéraire » (« fou de M.H » peut-on lire dans le programme) fait rapidement oublier cette perspective.
Restent quelques formules littéraires, peut-être une seule, d’ailleurs, qui méritait que l’on espère quelque chose. Et de repartir aussi vite que possible en gardant en mémoire, juste, ce bout de phrase ou ce projet chez Houellebecq de nous entretenir sur les « mutations métaphysiques ».