Cette page requiert que JavaScript soit activé pour fonctionner correctement. / This web page requires JavaScript to be enabled.

JavaScript is an object-oriented computer programming language commonly used to create interactive effects within web browsers.

How to enable JavaScript?

Riquet… Misère Misère Misère – L'!NSENSÉ
Bienvenue sur la nouvelle scène de l'!NSENSÉ
illustration article

Riquet… Misère Misère Misère

——
C’est en matinée, à la Chapelle des Pénitents blancs que Riquet d’Antoine Herniotte, adaptation libre de Riquet La Houppe de Charles Perrault, est présenté par le metteur en scène Laurent Brethome. Un conte théâtalisé pour les enfants… une petite heure.


Il était une fois…
Dans un royaume fort lointain, une reine accoucha d’un moutard (Riquet) que la Nature – cette salope – s’était entendue pour disgracier arbitrairement. La beauté prise en défaut, on lui refila l’Esprit en guise de cadeau. Histoire de méditer sur la solitude des laids quand il gagnerait la forêt afin de s’abriter des moqueries sur le sort des pas beaux.
Dans le royaume d’à côté, une autre Reine accoucha de deux filles. L’une dépourvue d’esprit était très belle. L’autre intelligente était très laide, etc… Victimes innocentes des copulations de leurs royaux parents, heureusement quelques fées devaient corriger ces destins accablés.
A leurs épousailles respectives, Riquet le moche donnerait l’esprit à sa promise, la belle donnerait la beauté au prince. La laide, l’esprit à son futur époux. Et comme le hasard dans les contes est parfaitement réglé, la cloche rencontra le difforme qui lui refila l’intelligence en guise de maladie. Quant à lui, la belle l’épousant, c’est l’équivalent d’un acte de chirurgie esthétique qui s’opéra sur Riquet.
Bref, il fut un temps où le merveilleux passait par les canevas simples des bienfaits du mariage. Une époque où, contemporain de Guitry, le stéréotype était reconduit « une belle femme est forcément idiote ». Ou, dans le prolongement de la préface de Cromwell, le beau, le laid, la noblesse d’âme, etc… étaient encore un credo, une croyance, une petite foi… Il fut une littérature où le conte n’était rien moins, dans le prolongement des fables de La fontaine, que des contes moraux.
Il faudra attendre Rohmer et Pasolini pour qu’enfin le genre gagne un peu en épaisseur.
Mais tout cela est au patrimoine, au panthéon de la littérature pour l’enfance, et souvent n’en doutons pas dans les écoles où l’on cherche à travers ces récits à distiller auprès des citoyens en herbe et autres adorateurs de Mangas et de Potter, un rien de relativité littéraire qui est la première marche de la sagesse citoyenne
Regardant Riquet…
Ils auront bien entendu adapté, modifié, transformé ce conte. Ils auront eu recours à un plasticien, Louis Lavedan, pour faire évoluer les toiles peintes. Ils auront travaillé la marionnette à bras, inventaient une lanterne magique, jouaient simple et, d’aucun dirait « moderne » en slamant quelques paroles d’aujourd’hui… Les fées auront même une petite allure de fées du logis avec balai de chiotte en guise de baguette magique. Dans un esprit ubuesque, un poirot sera de la partie. Et il n’est rien à redire quand regardant ce Riquet, on sait que pour le metteur scène, il y eut là une thérapie (cf. le programme). Ah, le théâtre, ses vertus, ses valeurs… Justement sa Valeur… !
Regardant tout cela, ce qui était surtout visible, c’est la pauvreté de moyens qui conduit le théâtre destiné aux enfants à figurer la preuve d’un théâtre en voie de paupérisation. Ce décor de bric et de broc qui tient à l’énergie des interprètes qui donnent de leur personne pour faire exister un art qu’on dit populaire et éducatif. Et bien entendu, même si c’est également un geste esthétique, on regarde l’outrance, la caricature, le jeu appuyé comme un cache misère… Alors forcément, la misère ne disparaît jamais… elle gonfle sous ces effets.
Il était une fois un théâtre pour enfant qui n’avait finalement pas de moyens. Tout le monde le savait, tout le monde s’en foutait, tout le monde faisait comme si…