
Pas d’affiche, merci
Avignon : les affiches affichent ce qu’on ne lit pas ; c’est la réclame : les affiches partout dans Avignon font le trottoir — surenchère racoleuse d’une racole bon marché.
On se faufile entre les vulgarités du siècle qui nomment le théâtre ou le spectacle (on ne sait plus) : la marchandisation du marché lui même répandu en désordre dans le vent indifférent : offert à l’indifférence de tout. Plus il y a d’affiches, moins il y a de murs ; plus il y a de murs, moins il y a d’affiches visibles : plus il y a d’affiches, moins il y a d’affiches. Restent les murs : quels restes ?
Les titres des spectacles rivalisent — mais on ne sait pas de quoi. Des phrases de Rimbaud côtoient les insultes, les jeux de mots, les grimaces : et comme une peste inefficace, ça se répand, la laideur. Telle qu’on ne la voit plus. Elle remplace le paysage : elle est le paysage. Elle paysage le monde. Elle est la surface du réel : la réclame des spectacles.
On ne dit rien du gâchis économique. Écologique. On ne dit rien.
Phrase de Walter Benjamin :
Qu’est-ce qui fait finalement la publicité à ce point supérieure à la critique ? Non pas ce que disent les lettres en néon rouge, mais la flaque de feu qui les reflète sur l’asphalte.
|
Mais ici, même pas de flaque : on attend la pluie. Il n’y a que du vent. Qu’il emporte tout.